« Le monde laisse mourir le peuple syrien »

«Le monde laisse mourir le peuple syrien», estime Mgr Mourad
Après la suspension du plan d’aide du Programme alimentaire mondial à partir du 1er janvier 2024 en Syrie, l’archevêque de Homs Mgr Jacques Mourad lance un appel au monde.
Des dégâts considérables causés par la guerre dans la ville de Homs.

Il souligne que «les familles syriennes mangent une fois par jour, elles ont oublié ce qu’est le chauffage et l’eau chaude, ce qu’est une société». Ces familles vivent dans l’obscurité, sans lumière, témoigne-t-il dans une interview accordée à Radio Vatican – Vatican News.
(par Jean-Charles Putzolu et Francesca Sabatinelli – Cité du Vatican)

«Le peuple syrien est condamné à mourir sans pouvoir rien dire», tel est le constat dramatique de Mgr Jacques Mourad, archevêque de Homs depuis un an, la troisième ville de Syrie. «C’est une décision terrible et injuste», poursuit le prélat -après la décision du Programme Alimentaire Mondial (PAM) de suspendre son aide au pays-qui se demande pourquoi l’on en est arrivé là. «Pour nous, c’est comme si le monde disait au peuple syrien « vous êtes condamnés à mourir, sans élever la voix, sans rien dire. Pour quelle raison? Quelle est la faute du peuple syrien?», s’interroge-t-il.
L’Église ne peut pas couvrir tous les besoins

Pour Mgr Mourad, cette décision «a été prise pour plonger le peuple syrien dans le désespoir le plus complet, pour éteindre toute lumière qui pouvait rester allumée grâce à notre foi et grâce à l’espérance». Des paroles sincères de l’archevêque de Homs, qui pense aux souffrances que le peuple a enduré toutes ces années, et qu’il continuera d’endurer. Une douleur générée par une guerre qui ne semble pas vouloir se terminer et qui continue de briser toute espérance.

Ces dernières années, les organisations non gouvernementales et l’Église catholique ont en effet fait des «miracles», en soutenant la population de toutes les manières possibles. Aujourd’hui, face à la suspension de l’aide humanitaire qui a servi à près de 2/3 de la population, l’on se demande s’il y a encore de l’espérance pour empêcher les gens de mourir de faim.
«Des finances limitées»

«L’Église, ainsi que les organisations non gouvernementales, ne peuvent pas couvrir tous les besoins du peuple syrien», poursuit Mgr Mourad, «leur capacité de financement est limitée». De plus, il est impossible de faire entrer de l’argent en Syrie, en raison des sanctions imposées par les Etats-Unis et l’ONU. «Alors que faisons-nous? Comment le peuple syrien peut-il vivre? De nombreuses familles syriennes ne mangent déjà qu’une fois par jour. Nous avons oublié ce qu’est le chauffage, parce que nous ne pouvons pas acheter du diesel ou du bois, nous avons oublié ce qu’est l’eau chaude, ce qu’est une société. Et nous vivons dans l’obscurité totale, les villes de Syrie sont sans lumière», déplore Mgr Mourad, précisant que les quartiers riches qui ne comptent que 5 % de la population, ne sont certainement pas représentatifs de la situation du peuple syrien.

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