Bose : rencontre des associations Mar Moussa et des moniales

Dimah et Houda,deux moniales de Mar Moussa, ont convié les trois associations Amis de Mar Moussa d’Italie, de France et de Suisse, à se retrouver au monastère de Bose, au Piémont. Un lieu propice à la méditation, créé dans la mouvance des années soixante-huit. Il regroupe aujourd’hui 40 religieux et religieuses, très actifs et ouverts à l’accueil et au dialogue.

Monastère mixte et oecuménique de Bose (Piémont)
Houda a présenté les travaux du récent synode. Elle était présente en tant que membre de la délégation du Moyen-Orient qui a compté 15 participants.
Le synode a réuni 350 personnes, dont 90 femmes, au mois d’octobre à Rome. Et pour la première fois les laïcs, hommes et femmes, avaient le droit de vote. Houda y représentait la délégation du Moyen-Orient. Elle nous raconte que l’atmosphère était joyeuse, car des liens avaient été maintenus entre les participants depuis la première rencontre un an auparavant. Le pape François passait de table en table et il était facile de parler avec lui.
Les femmes sont prêtes, mais…
Concernant les femmes, la discussion était plus calme qu’en 2023. Les femmes présentes ont affirmé que les femmes étaient prêtes à devenir diacres, mais l’Eglise, elle, n’est pas prête… la question reste ouverte et sera traitée, avec d’autres questions en suspens, dans un groupe de travail qui rendra son rapport en juin prochain.
Plus de suprématie
Un autre point important : le synode a reconnu et écrit dans le document final que l’Eglise catholique romaine ne jouit pas de suprématie sur les autres Eglises catholiques, notamment les Eglises orientales.

Malgré le peu de résultats concrets, Houda souligne que beaucoup d’évêques ne voulaient même pas participer au synode, de peur de perdre leur pouvoir ! Elle pense donc que cette démarche est importante, qu’il faut la poursuivre, mais cela demandera du temps, car il faut changer les mentalités et les coeurs. Elle veut continuer ce chemin synodal dans l’Eglise du Moyen-Orient : Jacques Mourad a déjà créé à Homs un conseil pastoral avec des laïcs, ce qui n’est pas évident dans la culture locale.

Nouvelles de Mar Moussa

La communauté a tenu son chapitre cet été pendant près de 3 semaines. Il y a eu de nombreuses visites au monastère, dont beaucoup de jeunes. Depuis la guerre, ils disent : « nous sommes Syriens », et pas chrétiens ou musulmans, car la guerre a instrumentalisé les religions. Mais ils sont touchés quand on leur parle d’un chemin interreligieux.

Les membres de la communauté se rendent souvent à Homs chez Jacques, leur évêque, et ils participent aux activités du diocèse. Jacques invite de nombreuses personnes, suivant le principe de portes ouvertes comme à Mar Moussa. Il oblige aussi les séminaristes à séjourner un mois à Mar Moussa avant de commencer leur travail en paroisse, car ils ont beaucoup de préjugés, et souvent ils changent ensuite d’avis.
Estimation du nombre de chrétiens
Selon 2 jeunes universitaires syriens qui ont fait une enquête, il n’y avait plus que 250’000 chrétiens en Syrie en 2022, alors qu’ils étaient entre 800’000 et 1,2 million avant la guerre. Ils estiment que si les chrétiens restent dans le pays, ils doivent entretenir de meilleures relations avec les musulmans. En collaboration avec les jésuites et l’évêque, ils ont mis sur pied une formation interreligieuse et sillonnent la Syrie pour en parler.

Situation actuelle en Syrie

Israël a bombardé le principal poste-frontière entre Beyrouth et Damas, et les gens, surtout des familles, passent à pied. Les jésuites ont ouvert un centre d’accueil à Homs pour les réfugiés libanais, en majorité chiites. La communauté ne peut pas accueillir des familles, mais elle est en contact avec des jeunes, qui aident les réfugiés à Idlib. (à l’époque de cette rencontre, les islamistes n’avaient pas encore occupé Alep)

Selon Houda, la communauté est convaincue que le dialogue est la seule voie possible dans cette période de conflits au Moyen-Orient. Ce choix semble une folie, mais il s’agit de couper la chaîne de la violence. Elle ne veut pas dénoncer les injustices, mais agir par d’autres moyens : le jeûne, les retraites, et surtout l’hospitalité. Elle a témoigné au synode que le dialogue chrétiens-musulmans est possible même en cas de guerre : Mar Moussa en est un exemple.

Dimah ajoute : si l’on veut témoigner de la non-violence, il faut déjà la pratiquer en nous-mêmes et dans les relations humaines. Il faut garder l’héritage de Paolo, même si on n’en verra pas les fruits.

Francesca et Dimah

Livres de Paolo

Francesca, la présidente de l’Association italienne des amis de Mar Moussa, a annoncé la sortie du 2e livre de Paolo, en italien comme le premier paru il y a un an. Il s’agit de la retranscription de conférences données à la communauté en 2010-2011. C’est un peu le testament spirituel de Paolo. Il explique sa démarche et sa pensée en partant toujours de la règle de la communauté, puis en l’expliquant. Dans ce 2e livre, il parle notamment de la relation entre l’homme et Dieu, et des relations entre hommes et femmes.

Les participants à la rencontre pensent qu’il serait bien de traduire ces livres en français, même s’ils ne rencontrent qu’un public restreint. Francesca va donc prendre contact avec l’éditeur, qui possède les droits sur ces livres.