La traditionnelle lettre aux amis de la communauté commence avec le bilan et le témoignage de Sœur Houda. Et une annonce discrète.
« Au terme de mon service à la communauté monastique en tant que supérieure, une période longue pleine de grâce et d’amour de Dieu pour moi, j’espère avoir vécu ces années qui n’ont pas été faciles de manière qui plaît au Seigneur et à tous mes frères et sœurs. L’absence du fondateur, le Père Paolo, durant cette période délicate de croissance et de stabilité pour la communauté, a eu un impact sur chacun de nous et sur notre vécu ces dernières années. Car d’une part, il nous a laissé un héritage spirituel et pédagogique grand et riche, traçant ainsi un chemin de croissance et de formation rare et précieux en raison de la profondeur et de l’ampleur de sa vision concernant notre vocation, l’Église et le monde – la personne ayant toujours été au centre de son attention et de ses pensées. Mais d’autre part, le vide créé par son absence est très difficile à combler. J’ai fait de mon mieux pour assumer la responsabilité, Dieu m’en est témoin, et j’ai senti la main du Bien-Aimé m’accompagner, tant que je peux dire en toute certitude avec le psalmiste « tu m’as pris par la main droite … par tes conseils tu me guides » (Psaume 73:23-24). La prière était mon seul refuge dans les moments difficiles, et ils furent nombreux ! Les paroles du Psaume m’accompagnaient : « Quant à moi, je t’adresse ma prière » (Psaume 69:14) . »
Combien de fois, lorsque nous prions, nous vient-il à l’esprit de rechercher la volonté de Dieu dans ce que nous lui demandons ? Habituellement, nous parlons sans arrêt, présentant à Dieu des demandes urgentes, répétées, infinies, sans même Lui laisser de place pour répondre ou nous faire comprendre s’Il est satisfait de notre prière.
Parfois nous disons à Dieu, peut-être par habitude, « que Ta volonté soit faite », mais nous disons rarement avec le lépreux « si Tu veux ». Souvent, les moments de prière sont pleins de nous-mêmes, de nos pensées, de nos préoccupations, au lieu d’être remplis du Seigneur, de l’instant et de Sa présence.
Peut-être les circonstances de la vie et les difficultés que nous traversons justifient-elles cette façon de prier qui n’est pas la meilleure, mais nous ne devrions pas oublier pour autant qu’Il est la source de notre vie et son soutien. Malgré cela, Dieu qui déborde d’amour et de miséricorde nous accepte tels que nous sommes et compatit avec nous parce qu’il connaît notre condition humaine, comme le dit le Psaume, « car Il sait de quoi nous sommes façonnés, Il se souvient que nous sommes poussière » (Psaume 103: 14).
Notre monde a un besoin urgent de prière qui est l’unique ancre de salut pour éviter la destruction et la fin de tout ce qui est beau et bon, suite au pillage de la nature et aux mauvaises relations humaines. La pandémie qui a terrifié les gens et fait tant de victimes n’est rien d’autre que l’un des résultats de notre approche irresponsable envers le monde et la nature ; et cependant, elle a été en mesure de rapprocher beaucoup de personnes de Dieu parce que seul Dieu avec Sa puissance peut extraire le bien du mal, comme dit l’apôtre Paul : « nous savons que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom 8:28). C’est ainsi que la menace du virus a en quelque sorte uni le monde entier et, étant tous dans le même bateau, nous nous sommes sentis pour la première fois unis les uns aux autres, les proches et les lointains, comme dit l’Apôtre : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent ensemble » (1 Co 12: 26). En ce qui me concerne, cette expérience, malgré toute sa difficulté, s’est révélée importante et bénéfique.
Le respect des règles et la sensibilisation des gens au danger ont été des outils parmi les plus importants et efficaces pour éviter une plus grande propagation du virus, en attendant de pouvoir le vaincre. Mais pour moi, la pandémie la plus dangereuse est celle qui atteint l’âme et le cœur, infectant nos relations avec Dieu et le prochain dans nos communautés, nos familles, nos églises et notre monde. Pour vaincre ce type de virus qui afflige profondément notre humanité à cause de l’arrogance, de l’autosuffisance et de l’égocentrisme, il nous manque encore la conscience nécessaire et la volonté de respecter les directives divines. Le monde n’est pas prêt à se réveiller du sommeil et de l’inattention qui affectent les consciences et les esprits. L’intérêt personnel domine les situations et l’ego est le leader de tout. Nous sommes tristes et surpris devant l’absence d’humanité et l’indifférence à l’égard de la souffrance d’autrui dans les endroits les plus inattendus, au point de désespérer de la possibilité d’un remède et d’un changement. Nous recourons donc à des solutions faciles : laisser tomber nos principes plutôt que la maladie dont il est plus difficile de se débarrasser. Or il n’y a qu’une seule médecine efficace : la réhabilitation en tant que disciples de Jésus et le retour à l’amour authentique pour Lui seul, un amour thaumaturge qui guérit et répare les blessures du genre humain et restaure son humanité primordiale, pure et immaculée comme elle est sortie des mains de son Créateur.
Nous avons traversé des périodes dramatiques durant la guerre, notamment avec l’enlèvement de deux membres de la communauté. Malgré l’amertume, nous avons pu aller de l’avant, grâce au Seigneur qui nous en a donné la force et à l’intercession de la Vierge qui nous a recouverts de son manteau.
La pandémie a paralysé le monde entier et nous a empêché d’exercer l’hospitalité dans nos monastères, transformant en grande partie le cours de notre vie. L’absence de visiteurs qui perdure est très triste, mais en même temps, nous avons pu nous concentrer sur notre vie spirituelle et communautaire, intensifiant les temps de prière personnelle. La période du confinement a coïncidé avec ma présence en Italie, et c’était un moment important pour revenir à moi-même, examiner ma conscience et demander pardon à Dieu et à chaque membre de ma communauté pour mes limites et pour toute négligence ou indifférence, intentionnelle ou non. Je me suis concentrée sur la prière qui a pris une nouvelle orientation. Dieu m’a fait comprendre qu’Il était tendre et répondait à l’appel de ceux qui le lui demandaient. Il est aussi le Maître du temps, comme dit le psaume « mais en Ta miséricorde j’ai mis ma confiance » (Psaume 13: 6).
Les incendies se sont récemment déclarés en Syrie en beaucoup endroits, de grands espaces verts ont brûlé – de nombreux bois de chênes et des oliveraies – causant d’immenses dommages économiques à bien des agriculteurs ; ils ont dévoré de nombreuses propriétés, les sources de subsistance pour nos enfants, la beauté de notre nature. Comme j’aurais voulu qu’ils brûlent tout ce que nous portons de mauvais en nous, notre égoïsme, notre haine et notre orgueil, pour que nous devenions nous-mêmes nature, beauté et nourriture pour nos enfants et pour ceux qui nous entourent !
Main dans la main, poursuivons ensemble la reconstruction et le pèlerinage vers l’Orient.
Signé : sr Houda
Nos monastères
Comme l’année dernière, nous sommes encore un petit nombre de moines et de moniales avec de nombreux engagements. À cause de la situation sanitaire, fr. Jens a dû s’absenter du monastère de Maryam al-Adhra pour une période de près de six mois pendant laquelle il a été bloqué en Italie avec sr Houda, elle aussi contrainte de s’absenter de Mar Moussa pendant cinq mois ; ils ont passé ce temps de confinement à San Salvatore avec sr Carol et sr Friederike – un temps de grâce, riche de partage et de prière, désiré depuis des années. À Mar Moussa, en revanche, se trouvaient sr. Dimah, fr Jihad et fr Jacques. Au moment où nous écrivons cette lettre, nous sommes distribués comme ceci : à Deir Mar Moussa : sr Houda, fr Jihad, fr Yaussé, fr Jawdat ; à San Salvatore : sr Carol, fr Jacques et sr Dimah ; à Deir Maryam al-Adhra: fr Jens et sr Friederike.
Deir Mar Moussa
L’augmentation du nombre de cas de covid-19 à Nebek et ses environs nous a obligés dès mars, à notre grand regret, à ne plus recevoir de visiteurs, également à cause de la difficulté de désinfecter des lieux et pour éviter ou réduire les risques de contagion. Nous attendons avec impatience le moment où nous pourrons à nouveau accueillir des hôtes. Youssef Bali qui est avec nous depuis 14 ans, vit pleinement notre quotidien, toujours actif dans les travaux qu’il connaît et aime faire. Après deux ans et demi de présence presque continue à Deir Mar Moussa, le père Richard, prêtre polonais, a décidé de s’installer au Liban pour étudier l’arabe et les traditions des Églises orientales afin de mieux les servir sous la direction du Patriarcat syro-catholique à Charfé.
Nous sommes dans une phase de discernement : quels projets poursuivre et de quelle manière ? Autant que possible, nous essayons de respecter les règles pour nous protéger, nous et nos collaborateurs. Comme la vie publique à Nebek est revenue à « la normale », nous avons rouvert le jardin d’enfants pour accueillir nos 150 enfants après une fermeture de deux mois entre avril et mai. À la mi-novembre, nous avons relancé les cours de musique, en suivant scrupuleusement les règles de distanciation sociale, l’utilisation de masques et en minimisant le nombre d’enfants dans les salles de classe. Nous continuons l’aide à la santé : distribution de médicaments pour les maladies chroniques, analyses cliniques, radiographies et contributions financières pour les interventions chirurgicales etc., grâce à Dieu, aux institutions ecclésiastiques et aux amis locaux et européens qui nous soutiennent, en particulier en Italie, en France et en Suisse.
Au monastère, à la fin de l’été, nous nous sommes occupés de l’entretien des vieux toits et des murs que le temps a détériorés. Nous avons dû faire face à divers entretiens : ceux des pompes à eau pour le puits agricole et pour l’eau potable, et ceux des deux camions, du tracteur agricole et des voitures qui avaient de sérieux problèmes. Nous avons donc eu d’énormes dépenses imprévues, la plus importante pour changer le moteur de l’un des deux bus de la maternelle. Mais il y a eu aussi du beau : la récolte des olives qui nous a donné une huile nouvelle et délicieuse ; dans notre jardin, nous avons planté des légumes d’hiver ; nous continuons à élever des poulets et des colombes, et nous avons à nouveau des chiens et un chat au monastère.
Nous espérions pouvoir nous réunir en Chapitre en septembre comme les années précédentes, mais l’impact du covid-19 nous en a empêchés et nous avons dû le reporter à la prochaine date possible. Nous souhaitons passer suffisamment de temps ensemble pour prier, parler de notre vie et conclure par l’élection d’une personne qui assumera la responsabilité de la communauté al-Khalil pour les trois prochaines années.
La mort de notre évêque Mar Théophilos Philip Barakat nous a privés d’un ami cher. Avec sa bénédiction et son soutien, nous avions travaillé pendant la crise pour aider la population de Nebek et de Qaryatayn ainsi que tant de pauvres que Dieu a mis sur notre chemin. Nous invoquons le Seigneur pour le repos de son âme et pour la grâce d’un nouvel évêque, bon et sage pasteur, le plus vite possible. Aussi prions-nous pour le Synode des Évêques, présidé par Sa Béatitude le Patriarche Mar Ignatius Yusuf III Younan, afin qu’un nouvel évêque soit élu, avec la bénédiction de Dieu et selon Son cœur.
Qaryatayn et Deir Mar Elian
Pour la première fois après avoir été libéré après l’enlèvement, fr Jacques est allé en juin avec sr Dimah et fr Yaussé visiter le monastère de Mar Elian. Le choc fut énorme ; tous les oliviers et autres arbres fruitiers, plantés il y a vingt ans, ont été déracinés ou abattus. Ces plantes formaient une oasis qui entourait le monastère où les habitants de Qaryatayn, musulmans et chrétiens, venaient avec leurs enfants qui y jouaient joyeusement. La question du monastère et de la paroisse est problématique, il existe de nombreux obstacles qui empêchent la reprise des travaux, en particulier le petit nombre de paroissiens. Peu d’entre eux, moins de quinze personnes et pour la plupart célibataires, sont revenus en ville. Cependant, ils forment un espoir concret pour le retour d’autres chrétiens qui ne le feront volontiers que s’ils trouvent une Église prête à les aider et à les soutenir dans la restauration de leurs maisons, et à trouver un travail qui leur permettra une vie digne. De temps en temps, la communauté va célébrer la messe dans les maisons des paroissiens présents. Le 9 septembre, nous avons célébré la fête de Mar Elian de manière recueillie dans l’église incendiée du monastère, en présence du curé de Nebek et d’un certain nombre de paroissiens. Cette célébration a été une grande consolation pour la communauté monastique et pour de nombreux paroissiens disséminés dans le monde qui ont pu nous suivre en ligne.
Le Monastère de San Salvatore – Cori
Cette année a vu passer presque tous les membres de la communauté à Cori pour un temps plus ou moins long. Après le départ de fr Jihad pour Deir Mar Moussa en février et celui de Jacques début mars, nous nous sommes retrouvés à trois puis à quatre à San Salvatore, le confinement ayant obligé sr Houda et fr Jens à y rester pendant des mois avec sr Carol et sr Friederike. Ce fut un temps de vie communautaire intense et bienvenu où nous avons pu beaucoup prier, échanger, étudier et travailler ensemble. Le talent informatique de fr Jens nous a aussi permis de « rencontrer » virtuellement sur la plateforme zoom d’anciens et de nouveaux amis de partout dans le monde (Italie, France, Belgique, Espagne, Turquie, Angleterre, Australie, Brésil etc.) et de célébrer avec eux la messe quotidienne selon le rite chaldéen, dans la simplicité et le partage habituels à Mar Moussa. Malgré le confinement général et la fermeture des portes du monastère, les portes du cœur sont restées bien ouvertes ! Toutes les activités – les rencontres avec les Amis de Mar Moussa en Italie, Scriptural Reasoning, l’accompagnement spirituel des chefs scouts – se sont déroulées pendant la période du confinement en mode virtuel, mais non moins enrichissant.
L’été fut clément et nous a permis d’accueillir avec moins d’appréhension don Mario, un prêtre de Biella, et Denver, une chère amie de la communauté, pour un temps de discernement et de vie communautaire, étant donné qu’il ne leur a pas été possible de se rendre à Deir Mar Moussa comme ils l’auraient désiré.
Les travaux de rénovation qui avaient commencé avant le confinement avec la réparation du plafond de la grande salle d’accueil au rez-de-chaussée, du remplacement du pavage de la bibliothèque et de la rénovation du système électrique, se poursuivent dorénavant dans l’église de San Salvatore. Nous sommes très heureux de la petite équipe qui y travaille avec beaucoup de professionnalisme, de zèle et d’amour. L’église nous offre de manière imprévue des découvertes archéologiques et artistiques intéressantes (fresques et écrits cachés). En principe, nous prévoyons l’achèvement des travaux à l’intérieur de l’église durant l’hiver 2020, et la reprise des travaux sur la terrasse du monastère début 2021. Espérons qu’un nouveau confinement ne vienne pas retarder encore une fois la finition des travaux. À côté du projet qui prévoit seulement la remise en état du point de vue structurel mais non artistique, la peinture murale de Notre-Dame du Mont Carmel dans la chapelle latérale a été restaurée avec l’aide de bienfaiteurs de Cori. Des fonds ont aussi été recueillis grâce à l’engagement enthousiaste de quelques personnes locales pour la restauration de la fresque de la circoncision (XVIe siècle) qui domine l’abside au-dessus du maître-autel.
Nous espérons pouvoir vous accueillir le plus tôt possible à San Salvatore en gardant les portes ouvertes, si Dieu le veut.
Deir Maryam al-Adhra
L’année avait commencé avec un grand intérêt pour les cours de langue au centre culturel Dangakan. Le groupe de théâtre avait organisé quelques ateliers. Nous avions planifié beaucoup de choses. Il y avait aussi une nouvelle initiative à l’horizon : le Forum, un espace spirituel et intellectuel d’échange et d’étude autour des thèmes du Dialogue. Le coronavirus a tout bloqué. Nous avons cependant organisé un groupe de lecture et de discussion en ligne, parfois accompagné de musique.
En septembre, nous avons repris les activités pour les enfants chrétiens du quartier qui n’étaient pas allés à l’école pendant six mois. Nous prévoyons de les aider à faire leurs devoirs en ligne et de former de petites classes d’enfants qui regrouperaient ceux qui sont normalement ensemble (même famille, même rue ou ruelle).
L’an dernier, nous avons accueilli quatre sœurs indiennes qui se préparaient par l’étude de l’arabe et du kurde à leur mission dans une maison pour personnes âgées et une école à Kirkouk, planifiées et construites par notre évêque Yousif Thoma Mirkis.
Nous sommes en train d’organiser la restauration de l’église : la toiture et la redistribution interne des espaces, avec la reconstruction des nefs. L’intérieur deviendrait celui des églises historiques de la région. Tout cela nécessite une « équipe », mais aussi une communauté. Nous d’al-Khalil sommes peu nombreux et nous ne devons pas rêver que bientôt nous pourrons être trois ou cinq membres dans chaque monastère, même si nous l’espérons. Nous devons plutôt penser à impliquer nos amis. Des séjours d’un mois à un an permettraient d’avoir des horaires plus réguliers pour la prière et le repas … et garantiraient également un regard critique et probablement de nombreuses contributions constructives. Ce sont souvent les « laïcs » qui poussent les moniales et les moines à une vie plus spirituelle.
À Deir Maryam al-Adhra, les personnes qui souhaitent rester avec nous pour partager et aider sont les bienvenues.
Les moines et moniales
frère Jawdat (novice):
Après deux ans de postulat, le soir du Samedi Saint, pour la consolation de toute la communauté, Jawdat Kadar, 23 ans de Homs a fait son entrée au noviciat à Deir Mar Moussa. Il essaie de grandir dans sa vocation monastique en continuant à découvrir les piliers de notre vocation, selon le charisme de notre fondateur le Père Paolo (vie spirituelle, travail manuel et hospitalité dans l’horizon de l’harmonie et de l’amitié islamo-chrétiennes). De plus, fr. Jawdat s’est plongé dans l’étude de la vie des saints avec le soutien de tous les membres de la communauté.
sœur Friederike :
sr Friederike a suivi cette année des cours de théologie à la Grégorienne de Rome, ainsi que des cours de formation pour l’assistance aux personnes traumatisées. Fin octobre, elle a déménagé à Sulaymaniya pour collaborer avec le fr Jens à la mission de la communauté. sr Friederike vit sa vocation entre travail et contemplation. Actuellement, elle travaille avec le groupe de théâtre et dans le projet pour enfants.
sœur Carol :
sr Carol poursuit la rédaction de la thèse doctorale en études arabes et islamologie sur l’appel divin à l’homme dans le Coran avec passion et persévérance, malgré la difficulté sinon l’impossibilité de fréquenter les bibliothèques en raison de la pandémie. Nous avons dû annuler les activités régulières que sr Carol, avec d’autres, organisait et menait à San Salvatore, telles que les rencontres « Ensemble avec Marie » et « Portes Ouvertes ». Cependant, cela a permis à sr. Carol de consacrer plus de temps à sa recherche.
frère Yaussé :
Pâques nous a apporté la joie du retour de fr Yaussé, originaire de Maaloula, après presque deux ans d’exclaustration à Damas. La fête était donc double. Nous en remercions le Seigneur ressuscité, qui nous ressuscitera par Sa résurrection. À Deir Mar Moussa, fr Yaussé exerce son talent d’artisan avec créativité et patience, dans la fabrication de bougies et dans l’art de confectionner des chapelets.
sœur Dimah :
Dimah a passé le premier semestre de cette année à Deir Mar Moussa : une vie d’accueil, de service et de proximité avec les personnes. En juillet, elle est partie pour Cori principalement pour commencer son projet de doctorat en théologie. Sr Dimah coordonne et suit les activités des étudiants syriens en Italie ; et si nous sommes très attristés par la mort de l’un de ces étudiants, le magnifique Kinan, après un long et douloureux combat contre le cancer, l’enthousiasme de ses compagnons dont certains ont terminé leur formation et commencé la vie active nous console. Kinan (qu’il repose en paix) reste pour nous un témoignage de foi, de douceur et d’engagement. Nous remercions tous les amis et institutions qui se sont occupés de lui et de tous les autres étudiants.
frère Jihad :
fr Jihad est revenu de Cori à Deir Mar Moussa en mars, après avoir franchi une nouvelle étape dans la rédaction de son doctorat en théologie biblique à la Grégorienne. À présent, il partage son temps entre l’étude, l’organisation du travail et les réformes décidées cette année dans la méthodologie du travail et des projets. Malgré de nombreuses difficultés dont la détérioration de l’état de son dos qui nous préoccupe tous et les difficultés administratives liées à la crise économique en Syrie, la communauté cherche par son engagement à prendre soin des personnes qui ont besoin d’un soutien spirituel et matériel.
frère Jens :
Après avoir été passé six mois à Cori suite au confinement lors de son voyage en Europe, fr Jens a pu retourner à Sulaymaniya en août. Sa fidélité, son engagement et ses efforts sont un merveilleux témoignage de la spiritualité de notre communauté monastique, qu’il apporte partout où il va.
frère Jacques :
fr Jacques a quitté Sulaymaniya pour l’Italie début 2020 afin de suivre un traitement médical et de témoigner de son expérience spirituelle et monastique dans certaines paroisses. N’ayant pu retourner comme prévu au Kurdistan irakien qui avait fermé ses aéroports, il s’est rendu directement en mars à Deir Mar Moussa. Son retour, après quatre ans d’absence, fut une grande bénédiction et une raison de consolation pour lui, pour la communauté, pour ses parents et amis et surtout pour ses paroissiens de Qaryatayn. Malgré les défis qui l’attendaient, la joie de rentrer chez lui a suffi à les surmonter. Fr Jacques s’est engagé dans la vie de prière et a travaillé à se rendre disponible pour les personnes présentes au monastère. Il a accompagné spirituellement ceux qui le lui demandaient et cherché autant que possible le contact avec ses paroissiens dispersés en différents endroits, se préoccupant de leurs conditions de vie en bon berger, encourageant ses confrères et les prêtres du diocèse qui en prenaient soin. Depuis septembre, fr Jacques est de retour en Italie pour une période de réhabilitation, nous espérons qu’il pourra revenir à Mar Moussa avant Noël.
sœur Houda:
sr Houda porte le lourd fardeau sur ses épaules avec patience et joie, s’appuyant sur la grâce divine et l’intercession de la Vierge. La disparition de Nicola, le père de sr Houda, a été une cause de tristesse pour nous tous. Qu’il repose en paix.
Conclusion:
Pour finir, nous rendons grâce à Dieu pour son immense amour. Nous vous remercions tous pour vos dons, petits ou grands mais toujours généreux, qui nous parviennent directement ou à travers les institutions ecclésiastiques ou les Associations d’Amis qui nous sont liées.
Votre solidarité concrète nous réconforte à chaque fois et nous permet d’avancer dans notre vie quotidienne et d’être proche de ceux qui sont dans le besoin comme nous et même plus que nous. La situation économique en Syrie se dégrade progressivement, l’année dernière un dollar valait environ 540 livres syriennes, aujourd’hui il en vaut près de 3000. Le travail est précaire pour tout le monde et un salaire ne suffit pas pour faire vivre une famille, même indignement.
Nous souffrons également du manque de gaz et de diesel pour chauffer et faire fonctionner les usines, y compris les fours ; faire la queue pour acheter le pain du pauvre peut durer une demi-journée ; qui veut se procurer de l’essence doit attendre dans une queue longue de plusieurs kilomètres jusqu’à deux jours le long de la route du distributeur ; sans parler des médicaments ni des traitements médicaux – il y a des agriculteurs qui doivent vendre leurs terres pour ne pas laisser mourir un fils ou une mère atteints d’un cancer ou parce qu’ils doivent faire la dialyse … etc. À côté de cette misère, cependant, il y a aussi ceux qui peuvent acheter du pain dans des boulangeries privées ; du diesel ou de l’essence à des prix exorbitants sans avoir à faire la file d’attente humiliante ; et qui, s’ils tombent malades, peuvent aller dans des cliniques de luxe où il est encore possible de faire des interventions esthétiques.
Nous nous rendons compte que ce que vous nous offrez est plus que de l’argent, c’est du soulagement et de la dignité, c’est pourquoi nous aimerions remercier chacun de vous de manière spéciale, amis du monde entier, pour votre soutien spirituel, moral et matériel ; s’il ne nous est pas toujours possible de le faire personnellement comme nous le désirerions, c’est en raison des difficultés logistiques et parfois aussi de l’absence de coordonnées ou de contact direct.
Nous prions pour la paix et la justice dans le monde, pour une fraternité universelle POSSIBLE qui nous unisse toutes et tous, croyants avec nos différents crédos et non-croyants, religieux et laïcs ; pour les vocations monastiques et sacerdotales dans l’Église, dans notre communauté et dans toutes les autres. Dieu nous aime et nous envoie toujours des personnes intéressées par notre charisme qui, animées d’une saine curiosité pour mieux nous connaître, viennent de temps en temps pour passer le temps le plus long possible avec nous en communauté. Pour eux, nous demandons vos prières. Que Dieu leur donne lumière et clarté dans le discernement de leur vocation.
Dans tout cela, l’horizon de l’amitié avec l’islam et les musulmans est devant nos yeux et présent dans notre prière ; c’est de là que le Christ nous attire vers lui. Et nous, ce petit troupeau, avons un petit souhait : que vous nous portiez dans vos prières pour que Dieu nous confirme dans notre vocation et nous donne la paix et l’unité en Lui, comme dit Jean dans son Évangile, « afin qu’ils soient un comme nous, nous sommes un » (Jn 17:21). Amen.
Joyeux Noël et Bonne année.
La communauté al-Khalil de Deir Mar Moussa
Décembre 2020